Ce n'était pas la première que Lisbeth venait ici, mais être immergée la stressait toujours autant.

Tandis qu'elle marchait, elle regardait le plafond avec appréhension, comme si elle avait peur qu'il s'effondre à chaque instant. Encore heureux qu'il ne soit pas transparent, sinon elle aurait fait une crise d'angoisse. C'était ce qui lui était arrivé, d'ailleurs, la première fois qu'elle avait visité EP-2. Un moment très embarrassant. Qui aurait cru que la terrible Cavendish avait peur d'une chose aussi inoffensive que l'eau ?

La plupart du temps, elle faisait en sorte de faire venir Prim - la seule personne qu'elle était susceptible de venir voir sur la base sous-marine - sur EP-1 au lieu de se déplacer elle-même. Mais cette fois, elle n'avait pas trop eu le choix. Prim était surchargée de travail et lui avait demandé de venir. Lisbeth n'avait pas osé lui dire non... Question de fierté. Elles se connaissaient depuis plus de 6 ans et la combattante ne lui avait jamais rien dit au sujet de sa phobie... Il y a un stade où la fierté se change en stupidité. Et Lisbeth l'avait atteint.

Elle mit un peu de temps à trouver le bar où elles s'étaient donné rendez-vous. En partie parce qu'elle zieutait le plafond non-stop et qu'elle avait bousculé un nombre incalculable de personnes, mais surtout parce que son sens de l'orientation ne s'était pas arrangé. Et une Lisbeth flippée, plongée dans ses pensées et perdue dans un endroit qu'elle ne connaissait pas mettait au moins une heure à trouver un lieu distant d'un seul étage.

Elle poussa un cri intérieur de jubilation en trouvant finalement le bar Nautilus. Et dire qu'elle n'avait qu'une demi-heure de retard ! Heureusement qu'elle était partie en avance.

Elle se sentit un peu plus à l'aise en pénétrant à l'intérieur. Les gens dansaient, riaient. La musique lui emplissait les oreilles et une odeur agréable flottait dans la pièce. C'était un endroit plus naturel pour elle, agréable même, si on oubliait la localisation.

Prim était assise à une table dans le coin de la salle. Lisbeth sourit et se dirigea vers elle.

- Prim ! l'interpella-t-elle. Tu m'a manquée ! Désolée pour le retard, je, euh... Désolée pour le retard.

La jeune militaire s'assit en face de son amie sans se justifier plus. Ça faisait combien de temps qu'elles ne s'étaient pas vues ? Deux mois, trois peut-être ? Lisbeth n'avait pas eu le moindre répit pendant l'été, avant son passage au rang de militaire confirmée. Ça lui faisait bizarre de se dire qu'elle était la supérieure hiérarchique de Prim, maintenant. Ainsi que celle de la plupart de ses amis.

- Qu'est-ce que tu deviens ?

La tâche d'encre sur son devoir égaya ses sens, la replongeant dans la mélodie continuelle et proche qui s'échappait de l'autre côté du bar. Libérée, têtue, vorace de nouvelles oreilles à venir perturber. Mais, comment expliquer qu'elle faisait partie des imperturbables ? De ces gens qui s'étaient un jour offerts au monde, pour finalement disparaître dans l'ombre d'une toute autre personne. C'est ce qui était arrivé.

Au centre de la table, le verre rond qu'on lui avait servi retenait sa feuille, un fond de jus de fruit pour seule distraction. Pas certaine de bien différencier la musique des conversations emmêlées les unes aux autres. Il y avait toujours cet objectif presque maladif : travailler. travailler. travailler.
En venaient les amis aquaphobes qui se traînaient jusqu'elle et on ne savait même plus pourquoi.

Ses yeux croisèrent un sourire. Alors Prim se dégagea de son écharpe, dévoilant un regard des plus neutres, des lèvres palotes et planquées derrière, des dents serrées. Sa mâchoire se détendit alors.
Lisbeth. C'est Lisbeth, elle pensa.

Les longs cheveux de nacre de son amie tombèrent contre ses épaules, teinte légèrement grisonnante qui contrastait avec ses yeux sombres. Encore plus longs qu'il y a trois mois.
Primrose détailla ses mains, posées là, doigts fins et abîmés par les journées de travail. Des mains d'adulte, devaient être rugueuses et sèches. Tout était si différent.

▬ Lisbeth... Je... Pas grand chose... Toi ?

Ses phrases se résumaient à quelques idées, une absence. Une absente. Je suis là et je suis pas là.

Prim mit quelques secondes à se rendre compte de la présence de Lisbeth, et elle ne sourit pas. La jeune militaire ne se vexa pas ; elle savait que ce n'était pas contre elle. Triste à dire, mais elle ne pouvait se rappeler de la dernière fois qu'elle avait vue son amie sourire. Sourire vraiment, pas un de ces rictus faux qu'elle lui donnait pour faire croire qu'elle allait bien.

Lisbeth commanda un whisky avant de répondre à Prim.

- J'ai commencé mon boulot de militaire... Je reviens de deux semaines de mission. Une affaire de trafic d'armes en Norvège. On ne m'a pas donné grand-chose à faire, mais, tu sais... Ça fait bizarre. De revoir le monde extérieur. Ça faisait 8 ans que je n'étais pas sortie d'EP. Tout a tellement changé...

Le verre de Lisbeth arriva.

- Vraiment rien de neuf de ton côté ? Tu passes en 6ème année non ? Enfin tu vas commencer à bosser ! lança-t-elle avec un sourire.

Comme d'habitude, c'était elle qui faisait la conversation. C'était rare que Prim parle spontanément, alors il fallait bien quelqu'un pour le faire. La blonde prit une gorgée de whisky. Bonne nouvelle : il avait le même goût sous l'eau que sur la terre.

Emily était assise au bar, occupée à siroter sa bière tout en griffonnant des lignes de code sur un grand cahier. Les astérisques, rajouts et autres ratures occupaient déjà toute la marge de la page et commencaient insidieusement à s'incruster dans les interlignes à mesure qu'elle avançait sur son programme, rectifiant les erreurs, modifiant des valeurs. Cela faisait un an qu'elle avait ajouté à sa formation d'électromécanicienne, celle de Développeuse. Ne lui restaient que quelques années avant qu'elle ne prenne son service en tant que militaire à part entière. Pour l'instant, elle venait à peine de rentrer en 6ème année.
Encore trois ans à tirer.
Avant quoi? Aucune idée. Son affectation arriverait bien de toute manière. Rien ne servait de s'inquiéter.

L'ambiance gaie qui régnait dans le bar la fit sourire. Elle chercha Prim du regard, qu'elle avait salué du regard plus tôt dans l'après-midi. Elle était désormais attablée avec Lisbeth, déjà militaire.
Refermant son cahier et prenant sa Guness dans son autre main, elle se dirigea vers les deux compagnes.

-Bonjour, Prim. Lisbeth, ca faisait longtemps. On te voit rarement, ici à EP-2.

En vérité, la dernière fois qu'elles avaient tenu une véritable conversation remontait bien à 2 ans. Elles s'étaient mutuellement hurlé dessus à s'en crever les cordes vocales alors que Primrose s'était blessée en tombant lors d'une promenade faite en compagnie de la blonde.

Elle se focalise sur la voix et l'accent familier de son amie qui viennent stagner dans sa tête, entre deux pensées rationnelles. Prim parvient à lui accorder une attention particulière, abandonnant son stylo entre deux pages de son bouquin. Cette aisance que Lisbeth trouve à s'enthousiasmer touche la brunette qui vient attraper son verre, ces voix revenant peu à peu l'envahir.

▬ De vielles biques, c'est ce qu'on est !

Combien de temps que t'as pas lâché une réplique aussi conne comme ça ?

Ses yeux se lèvent sur une silhouette, elle la connait bien. Assez pour l'avoir croisée tous les jours, Emily. Mutuellement elles ne sont que des images enregistrées dans un coin de leur mémoire. Et va savoir ce qui les pousse à soudainement se socialiser. Mais ne sont-elles pas amies après tout ?

▬ Tu vois bien qu'elle est toujours en vie, elle articule. Prim qui articule quelque chose, ça aura manqué à beaucoup.

Lisbeth releva la tête à l'entente d'une autre voix. Tiens, Lowhell. Son sourire se fit un peu faux alors qu'elle lui répondait.

- Oh, Emily, quel plaisir de te voir. Je t'en prie, assis-toi.

Qu'est-ce que tu fais là, putain ? était bien évidemment la pensée cachée dans ses paroles. Lisbeth n'était pas vraiment ravie de voir l'autre blonde. Elles ne s'étaient pas parlé depuis 2 ans, et c'était très bien comme ça. Tiens, elle n'avait pas pensé à ça en venant sur EP-2 : le risque accru de croiser Lowhell.

- Eh oui, je suis vivante, déclara-t-elle avant de prendre une gorgée de whisky. Et toi aussi apparemment.

Les ondes négatives à cette table étaient tellement intenses que n'importe qui se serait senti mal à l'aise. Peut-être qu'avec un petit coup dans le nez ça passerait mieux, mais pour l'instant, Lisbeth ne pouvait juste pas s'en empêcher.

Spoiler:

Un voile passe devant ses yeux. Mouvement de recul. Quoi qu'il se soit passé, elle n'arrive toujours pas à s'habituer à la froideur de Primrose. Aux piques acérées de sa camarade, qui autrefois étaient sa marque de fabrique.

Lisbeth sourit. Faiblement. L'invite à s'asseoir. Reprenant contenance, la blonde lui sourit à son tour puis prend un siège, posant bière et cahier devant elle. Une idée étrange lui passe dans la tête. La dernière fois qu'elle et Lisbeth se sont attablées avec chacune un verre d'alcool, la soirée avait mal terminé.

-Plaisir partagé, Lisbeth. Tu vas bien? Tu as fini ta formation, non?

Pause.

-Tu es vivante. Je suis vivante. Et Prim plus que jamais, apparemment.

Peut-être même un peu trop...

Prim sourit. Oui, elle est capable de sourire en effet. Il y a un intérêt, d'un coup à les observer elles deux. Une sensation familière qui faisait plaisir, en un sens... A une époque. On avait plus vraiment pensé à nous hein ? Et puis, remontait dans un gorge plusieurs piques, détestés. De ce temps là qu'on chérissait, mais monde qu'on remplissait d'erreurs et de conneries dont on est pas fière. Elle se pose là en spectatrice. Choix personnel. Qu'est-elle devenue ? Mais ça, ça la ferait rire d'en parler.

La balle s'échange en terrain miné et elle boit leurs paroles d'un arrière goût amer. Silence.

▬ Tant que vous commencez pas à vous entre-tuer...

- Oui, j'ai fini ma formation cette année. Tu es toujours élève, non ?

Tout en parlant, Lisbeth continuait de lui envoyer des ondes négatives pour la faire partir. Ça ne marchait pas très bien, étant donné qu'elle prit une chaise et s'assit. En même temps, Lisbeth ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même : c'était elle qui le lui avait proposé.

- Nous sommes toutes en vie, si c'est pas beau.

Lisbeth ne se rendit compte de la teneur de sa phrase qu'après l'avoir prononcé. Non, elles n'étaient pas toutes en vie. Et même quatre ans après, elle ne pouvait pas l'oublier. A cette pensée, son humeur passa de mauvaise à terrible.

- Nous n'allons pas nous entretuer, nous sommes des adultes responsables, n'est-ce pas Emily ?

Des adultes responsables. Hahaha. C'était presque drôle.

Spoiler:

Coincée. Enfermée. Emily hésite, assise à cette table qui ne veut pas d'elle. Pourtant elle est venue. Alors, elle va rester.

Oui. Je suis en sixième année, tout comme Primrose.

Silence. Des machoires claquent dangereusement près, le terrain est miné. Le moindre mot de travers et tout pourrait exploser, semble-t-il. Depuis quand l'atmosphère est-elle aussi tendue entre elles? Pourquoi Emily est-elle venue s'asseoir? Installée sur un croc à l'intérieur même de la gueule u loup, Emily frissonne.

- Nous n'allons pas nous entretuer, nous sommes des adultes responsables, n'est-ce pas Emily ?

Des adultes responsables, bien sûr. C'est un filet de voix qu'elle laisse échapper, peu sûre.

Ses yeux vacillent en même temps que le reste de leur monde. Réelle différence, gêne. Quoi ? Serais-tu de nouveau cette gamine inconsciente armée de son bandeau à la noix ? Hein. Dis-le, avoue. Elle est pas si loin. Doigts se resserrent contre sa paperasse, elle y ajoute des mots sans vraiment y penser, d'un coup la discussion des deux autres devient trop pesante. Eviter c'est trop facile dirons nous.

Elle glisse tout contre leurs paroles. Des adultes ? Nous sommes des adultes. Petit spasme. Des... adultes. Ah ah.

▬ Je suis allée voir Roslyn et Asuka, la semaine dernière.

Pourquoi tu parles d'elles comme si elles étaient toujours là ?
Tu peux pas juste la fermer comme d'habitude.

Spoiler:

Les ondes négatives qu'envoyaient Lisbeth n'étaient apparemment pas très efficaces : Emily était toujours en vie. Bon, elle ne s'attendait pas à grand-chose de ce côté-là de toute façon. Au moins, elle ne paraissait pas très assurée.

Et puis Prim intervint. Brisant la glace, comme d'habitude. D'une façon malsaine. Lisbeth préférait encore faire semblant de tenir une conversation civilisée avec Emily, plutôt que de parler de ça.

- Oh, dit-elle simplement. Elles ne t'ont pas dit grand chose j'imagine ?

A ce stade, Lisbeth était vraiment sur les nerfs.

L'une blague, l'autre laisse un rire nerveux couvrir la musique d'ambiance. Prim, là, qui dévisage le fond de son verre. On dirait la gamine qui vient de balancer la connerie du siècle. Si bien qu'elle attrape ce qui reste de sa boisson, l'avale d'une traite. Et elle n'est plus si sûre d'y avoir vu du jus de fruit ou de la vodka. Peut être que c'était pas son verre. Malheur.

Le goût amer contre son palais, c'est juste l'aspect familier du tableau. Le même. Cette chose laide que tu planques dans ton grenier. Oui. Ces discussions rasoir et ce petit ton arrogant qu'amènent tes dires. Tu ne peux plus t'en passer c'est ça ?

▬ Et lui ?

Vous avez un langage codé, un truc dans l'genre ?

La boule de nerfs qu'était Lisbeth finit par exploser. Au rire d'Emily, elle se leva brusquement, renversant sa chaise (et surprenant au passage quelques gens alentours) et posa ses mains sur la table pour la toiser. Elle était furieuse qu'elle puisse rire au milieu d'une telle conversation ; et puis, avouons-le, elle attendait l'occasion de se lâcher sur Emily depuis le début du repas.

- Tu trouves ça drôle ?! siffla-t-elle.

Prim, elle, ne semblait absolument pas perturbée. Lisbeth tourna brusquement la tête vers elle.

- Lui ?

Lui. Tino. Lisbeth n'avait pas besoin de précision : pour Prim, il n'y avait qu'un seul lui.

La militaire recula et soupira. Elle reprit une gorgée de whisky pour se calmer : ce n'était vraiment pas le moment de faire une crise devant tout le monde. Pour l'instant, elle devait se contenter d'ignorer Emily. Elle répondit à Prim, sans se rasseoir.

- Vivant, si tu veux savoir, dit-elle d'un ton encore un peu acerbe. Il est en mission actuellement. 3 semaines.

En vérité, la durée de sa mission était plus proche de deux mois que de trois semaines, mais elle ne voulait pas inquiéter Prim.

Primrose évoque Tino. C'est vrai, Emily s'en souvient de Tino. Elle l'aimait bien. jusqu'à ce qu'elle le déteste. Dans un nouveau rire qui lui tord le ventre, elle se trouve pitoyable d'avoir ressenti tant de choses si fort. C'était inutile, tellement inutile…
Et Lisbeth qui s'énerve. Elle repart de plus belle, tente d'articuler entre deux hoquets.

-C'est… pas drôle

Et pourtant tu ris, Emily, tu ris. Lisbeth va finir par te frapper. Et alors? Tu es lancée, tu ne t'arrête plus. Qu'importe qu'un de tes supérieurs puisse se trouver là à cet instant. Qu'importe qu'Helsingen soit quelque part à l'autre bout du globe. Qu'importe tout cela. Tu ris, dans un accès de folie semblant relever du Diable en personne.
Tu ris, Emily Lowhell. Pendant qu'une certaine personne t'y ferait bien descendre dans ce chaleureux Enfer.

Les yeux de Prim ne quittèrent pas ceux de Lisbeth tout du long. Sa réaction lui importait peu, elle n'était même pas certaine d'écouter la réponse. Son souffle tomba contre ses mains qui commençaient à s'agiter contre son jean. Tiens. On n'efface pas les mauvaises habitudes. Jamais. Prim est immobile. Elle aurait pu réagir de toutes les façons, demander pourquoi elle aurait été obligée de penser à Tino en soulignant lui. Mais rien. Rien ne sort.

Putain.
Pourquoi.

Sa main part pour venir se plaquer contre le joli minois blond d'Emily avec violence. Elle détend ses doigts d'un geste crispé et se lève, marchant droit vers la bar.

▬ File un Johnnie Walker.

Je viens de frapper quelqu'un.

Lisbeth faisait preuve d'un sang-froid remarquable. Fidèle à sa décision d'ignorer Emily, elle ne l'avait même pas frappée. Pour le moment en tout cas. Si elle continuait à rire, elle n'était pas sûre de pouvoir se contrôler.

Prim la surprit alors, en accomplissant ce dont elle rêvait de toutes ses forces. Lisbeth leva les yeux vers elle, un peu choquée. Prim, sa gentille Prim, avait frappé quelqu'un ? Emily qui plus est, qui était son amie ? Après s'être comportée aussi calmement tout au long de la soirée ? Elle ne cessait de la surprendre, en bien comme en mal.

Alors que son amie partait vers le bar, la jeune militaire se tourna vers son ennemi de toujours. Elle esquissa un petit sourire un peu mesquin.

- Je ne suis pas la seule à avoir des pulsions meurtrières envers toi apparemment.

Le rire de la blonde s'arrête net au moment où la main de Primrose l'atteint.
Un silence s'installe et se prolonge, durant lequel Emily fixe bêtement le vide.

Enfin Lisbeth sourit. Pulsions meurtrières. C'est tout ce qu'elle saisit. Dépliant ses doigts aux phalanges blanchies de s'être serrées, elle se lève, vaguement chancelante. Jette un regard à l'albinos qui la regarde tranquillement.

-Au revoir, Cavendishlâche-t-elle doucement avant de partir, disparaissant petit à petit dans le lointain des couloirs de la base.

.__________.:

On aurait pu croire, que sous l'océan au fond, il y avait peut être, le petit quelque chose. Le petit plus, l'étincelle qui crierait "Bonheur, prospérité, sérénité"... Oh c'était bien plus compliqué que ça. L'océan... Il n’empêchait pas plus Prim de boire que de se repentir d'une droite lâchée trop vite.

T'étais un rigolo et toi, Primrose, tu étais pas très douée non plus. Il avait fallut qu'elle se souvienne, que l'espace d'un instant, ça lui revienne... Oui a une époque, il est possible que j'aie existé. Elle s'accoude au bar comme elle peut. La fille n'est pas télépathe, elle n'a pas de pouvoir magique, mais soudainement, il y a comme un vide. Un manque. Un... semblant de regret.

N'est-ce-pas ?

Et bien. Cruellement, ça devait faire quelques temps, beaucoup de temps en fait qu'elle ne s'était pas retournée. Le fait est que... en se retournant ça ne fit pas grande différence. Est-ce-que tu attendais un miracle, Alexander ?

▬ E-Emily ?

Non. Toi tu restes là, à fixer la blonde-rousse qui se recroqueville dans ta tête, toute crispée, silencieuse, voulant se couper du reste du monde. C'est ce que tu faisais. C'est ce que tu avais pris l'habitude de faire.

...: