Téa leva les yeux au ciel à l’écoute des derniers arguments désespérés du sniper. Elle allait finir par se sentir vexée du peu de crédit qu’il lui accordait. Elle n’était peut-être pas la plus prudente des femmes, mais elle était une valeur sûre question hélico, il n’avait pas de raison d’en douter. Il devait même s’estimer heureux qu’ils n’aient pas fait ce marché quand ils étaient en première année et qu’elle était beaucoup plus téméraire et dangereuse avec les engins volants, toute émerveillée d’avoir les commandes. Elle avait appris à tempérer ses ardeurs et à veiller à ne pas se mettre en danger, depuis.

« Je te dis que tu ne risques rien, fais-moi confiance. Et j’essaierai même de faire en sorte que tu ne regrettes pas, c’est pas gentil de ma part, ça ? »

C’était sans doute un peu utopique également. Téa se redressa pour laisser Abel se lever et en profita pour jeter un coup d’œil à sa montre. Il était neuf heures passées, cette petite séance coiffure avait duré plus longtemps qu’elle ne l’avait pensé et son estomac commençait à gargouiller.

« Donc j’ai quand même aidé ! » répliqua t-elle avec son arrogance habituelle.

Bien sûr, elle savait qu’elle n’était pas seule actrice des changements positifs d’Abel, ou il n’aurait été rien de plus qu’une marionnette manipulable à souhait et Téa savait qu’elle avait choisi quelqu’un de bien meilleur et bien plus complexe pour partager sa vie. Attendrie par cette pensée, elle lui attrapa les mains et se hissa sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser.

« Désolée, je peux pas m’empêcher d’avoir le dernier mot, s’excusa t-elle, malicieuse. Bon on va manger ? Ca m’a creusée, toutes ces folles émotions. »