Neils parcourait d'un pas nonchalant les couloirs de l'hôpital, tenant Boo dans ses bras. Un peu plus tôt dans l'après-midi, le chiot s'était un peu trop excité dans le salon et s'était blessé à la tête en se cognant contre la table basse. Belle performance, mais vu le tempérament de l'animal, c'était prévisible, ce genre de chose. Et pour la première fois, il avait témoigné de l'inquiétude vis-à-vis de son compagnon à quatre pattes, et l'avait emmené directement à l'hôpital pour qu'il puisse voir un vétérinaire et que celui-ci soigne sa blessure.

Il n'aimait pas cet endroit. Il lui rappelait des souvenirs amers. En parcourant le lieu, il était même passé devant la chambre où il avait été gardé pendant un mois après l'explosion qui lui avait coûté un bras. Ce souvenir viscéral lui fit fixer la porte de la chambre pendant quelques secondes, absent. Puis il reprit la direction du cabinet du vétérinaire, poussant sans vergogne les autres personnes qui attendaient pour rentrer en donnant un coup dans la porte, se retrouvant face au vétérinaire. Oh, une personne qu'il connaissait bien. Tellement que la vue de cette femme lui arracha un sourire insolent.

« Sérieux, t'es toujours pas exclue de l'ordre des médecins toi ? »

La journée avait plutôt bien démarré, j'avais bien dormit, j'avais mis chaos ma pile de dossier en retard, tout ça en réussissant à sortir à l'heure du boulot la veille. En me levant je m'étais sentie comme wonderwoman, j'étais belle et toute puissante en somme... Du moins c'était ce que je ressentais en quittant mes draps ce matin. Et je me suis préparée pour le boulot. En arrivant j'avais rendu visite aux patients qui avaient passé la nuit dans nos locaux. J'inspectais rapidement les cages voir si tous étaient toujours en vie et s'il avait de l'eau. S'étaient les jeunes diplômées qui se chargeaient du nettoyage et de donner leurs rations de nourriture aux animaux interné. Je me rendais dans la salle d'attente et fit l'ouverture des locaux. Il était à peine 7h30 et il n'y avait pas un chat devant la porte. Je rejoignais mon cabinet et relisais un ou deux dossiers quand mon premier patient arriva au environ de 8h. Tout se déroulait comme à merveille, jusqu'à ce qu'un fou furieux explose ma porte à coup de pied alors que je disais au revoir à client.

Je n’appréciai guère qu'on eut aussi peu de respect pour mes locaux, sans compter que cette personne avait le culot de doubler tout le monde, et l'insolence de ne pas frapper avant d'entrer. J'étais hors de moi et ça n'allait pas s'arranger, je tournais lentement la tête vers l'entrée en rendant son chat à mon client. Quelle surprise... Neils Archer... mon envie de meurtre grandissait et sourire assassin vient s'épanouir sur mes lèvres comme une fleur qui venait d’apercevoir un rayon de soleil.

« Sérieux, t'es toujours pas exclue de l'ordre des médecins toi ? »

Je riais à sa blague de façon sarcastique et mettait dehors mon client, d’une façon un peu sèche. Je me saisissais du premier objet tranchant qui me tomba sous la main.

- Et toi, tu n'es toujours pas mort en te coupant avec du papier ?

Non, toujours pas mort. Elle n'avait vraiment pas changé, ni ses réactions vis-à-vis de lui. Maddy était probablement la plus acharnée et la plus hargneuse de ses ex-copines, et pourtant dieu sait combien elles avaient toutes été malveillantes à son égard. Neils haussa les épaules d'un air je m'en foutiste, levant les yeux au ciel.

« Dommage que tu ne m'aies pas vu il y a quatre ans quand on m'a amputé d'un bras, t'aurais sûrement eu un orgasme, grognasse. »

Ne s'attardant pas plus sur le sujet, il voulut s'avancer pour lui confier son chien, mais remarqua qu'elle s'était saisie d'un objet tranchant, visiblement pas décidée à coopérer gentiment. Il lui montra la blessure ensanglantée à la tête du chiot, fronçant les sourcils.

« Lâche ce truc, espèce de tarée. Je t'apporte un patient. »

Les sarcasmes, toujours les sarcasmes. Il savait bien qu'elle était frustrée, mais il n'avait pas imaginé que c'était à ce point-là. Même après trente-six ans d'existence, il ne comprenait toujours pas comment fonctionnait le cerveau d'une femme. Trop difficile à décrypter. Il se contenta de hausser les épaules en entendant les paroles venimeuses de Maddy qui redoublait de haine envers lui.

« J'y peux rien moi si t'es frigide. » lâcha-t-il d'un air désintéressé, après avoir posé doucement Boo sur la table. Le chiot semblait affaibli par sa blessure à la tête, même si Neils avait calmé les saignements avec des mouchoirs en tissu. On voyait qu'il n'était pas en forme. « Ce n'est pas trop grave j'espère ? » questionna-t-il en espérant que la jeune femme mettrait leurs différends de côté au moins pour cette fois.

Je ne le vis pas hausser les épaules, je lui tournai le dos, face à mon évier me frottant les mains avec énergie. Je fis comme si je ne l'avais pas entendu me dire que j'étais frigide, mais je pestais intérieurement en finissant de me rincer les mains puis je les essuyai.

« Ce n'est pas trop grave j'espère ? »
- Je l'espère aussi, dis-je en m'approchant de la petite bête.

J'enfilais une paire de gants, soulevais délicatement la tête du jeune chien et tâta doucement les contours de la plaie, l'animal couina doucement de douleur.

- Oh, je suis désolée ! Dis-je à la petite chose sur ma table. Je saisissais une compresse que j'humidifiais pour frotter un peu la plaie et mieux observer la profondeur de la blessure. Le choc a été violent ? Ajoutais-je à l'intention de Neils sans lever les yeux de mon jeune patient, en rassurant avec douceur le petit animal.

Neils n'ajouta rien de plus et posa ses mains sur le bord de la table d'auscultation, le regard posé sur son compagnon à quatre pattes, l'air pensif. Il se disait qu'il avait été un peu dur avec Boo, depuis qu'on le lui avait offert. Ce n'était qu'un petit chiot, il n'avait rien fait de mal, du moins il ne l'avait pas voulu. Le voir blessé ainsi, lui avait fait, étrangement, un petit pincement au coeur. Peut-être que la petite boule de poils commençait à briser la barrière de glace petit à petit.

Il leva les yeux vers Maddy lorsque celle-ci le questionna sur la violence du choc. Il poussa un soupir et haussa un sourcil, ne sachant pas trop quoi répondre. Il n'avait pas vraiment assisté à la scène, il avait juste entendu un grand bruit dans le salon qui l'avait interpellé, et avait retrouvé le chiot blessé sur le sol.

« J'en sais rien, je l'ai pas vu. C'est toi l'experte, tu devrais le savoir dès le premier coup d'oeil. »

Une petite pique au passage, qui signifiait clairement « si tu l'sais pas c'est que t'es vraiment une incompétente. » Neils avait, comme beaucoup d'hommes, une fierté de mâle trop prononcée, et ne pouvait pas s'empêcher de descendre un peu ses ex qui s'acharnaient contre lui. Il ne pouvait pas s'en empêcher.

Spoiler:

« J'en sais rien, je l'ai pas vu. C'est toi l'experte, tu devrais le savoir dès le premier coup d’œil. »

J'observais les pupilles du chien, elles réagissaient au faisceau lumineux que j'y faisais passer. Il était juste un peu sonné selon moi, c'était pour ça qu'il ne remuait pas beaucoup sur la table d'auscultation. La palpation du crâne m'indiquait qu'il n'y avait pas de fracture, néanmoins une petit radio s'imposait et un scan. On a besoin d'avoir le crâne ouvert en deux pour souffrir d'un problème cérébrale dû à un choc. Je retirais mes gants couvert de sang et les mettaient à la poubelle avant de répondre à l'attaque de Neils avec calme.

- Même les médecins posent ce genre de question bateau ! Je m'approchais de mon bureau et composais un numéro rapidement pour sur le téléphone. Je ne suis pas un gourou, je suis vétérinaire. On décrocha au bout de trois sonnerie et je demandais à ce qu'on m'envoie un nouveau. Je me tournais ensuite vers mon ex en croisant les bras sur ma poitrine.

- Je suppose que tu n'as pas son carnet de santé avec toi !?