Trois heures du matin. Et seize minutes. Cent-six putain de minutes que Cinzia tente de s'endormir dans un livre avec un chocolat chaud. À minuit pile, elle ouvrait un livre sur la dernière famille royale russe. Et maintenant elle commençait à avaler son neuvième chocolat chaud. Sans trouver le sommeil tant attendu.
Il n'était pas rare que la jeune femme souffre de ce genre de problème. Normalement, il lui suffisait de se plonger dans un roman interminable. Et elle s'endormait dessus et se réveillait le lendemain matin avec un léger torticolis. Mais là, rien à faire. Même l'ambiance nocturne de la médiathèque ne pouvait rien pour elle. Son Thermos géant plein de chocolat chaud ne l'aidait pas.

Elle était seule. Seule, avec la partie historique de la médiathèque allumée. Seule et elle allait péter un câble si elle ne s'endormait pas dans les prochaines minutes.

« Fait chieeeeeer. »

Elle prit une grande gorgée de sa boisson préférée et replongea dans l'histoire de Maria de Russie.

Maria de Russie était morte d'une façon des plus barbares qui soit. Même les juifs de la Seconde Guerre Mondiale n'avaient pas pu connaitre pire que de se faire fusiller, frapper à coup de masse, défigurer par de l'acide puis enterrer dans une fosse pour être déterrer et jeter au fond d'un puit. Affreux.
Ce genre de chose pouvait normalement endormir Cinzia. La mort, elle la cotoyait plusieurs fois par jour, la frôlait même. Elle connaissait l'expression des familles qui perdaient un proche, des amis du soldat mort au combat. Elle avait connu l'attaque d'EP-0, avait pu s'en sortir, avait vu la peur et le désespoir dans les yeux de ses camarades.

Alors pourquoi, pour l'amour de Dieu, ne pouvait-elle pas s'endormir comme une masse ? Peut-être était-ce à cause de la quantité ingurgitée de chocolat chaud ? Non, ça favorisait son transit intestinal. Et soudain, elle entendit du bruit. Du bruit, ici ? A trois heures du matin ? Non, elle devait haluciner, qui viendrait ici à cette heure de la nuit ?
Bah quelqu'un. L'italienne avait relevé la tête pour appercevoir une tête plus ou moins familière. Depuis le temps qu'ele trainait à EP et qu'elle tentait de reconnaitre au moins quelques visages, c'était plus simple.

« Primrose ? »

Pourquoi elle était là ? Et elle avait quoi dans la main ? Une tasse ?

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Euh, elle pourrait lui poster la même question hein. C'ets pas masse de foule qu'on va retrouver à la médiathèque.