Il parlait. Je l'entendais parler, mais je ne comprenais pas ce qu'il disait. J'entendais les mots, mais je n'arrivais pas à les faire correspondre à une définition, je n'arrivais pas à les mettre dans le contexte de la phrase. Ce n'était qu'un ramassis de mots sans aucun sens qu'il disait là. J'essayais de comprendre, j'essayais de me concentrer sur ces mots que je savais devoir comprendre, mais je n'y arrivais pas. C'était comme s'il parlait une autre langue.

Seule la dernière phrase me frappa. Avoir connu la Faith d'avant, celle qui souriait, qui aimait et qui riait... Celle avec qui Liam aurait voulu rester.

Je me redressai pour m'accrocher au cou de Joel, et enfouis mon visage dans son cou, me mettant à pleurer encore plus fort. Il ne réalisait tellement pas. J'essayais d'articuler des mots entre deux sanglots, mais je n'y arrivais pas. Il me fallu plusieurs essais avant de pouvoir articuler ces quelques mots.

« Mais... elle n'a... jamais.. existé... »

Suivis d'une crise de sanglots encore plus violente. Je ne ressentais rien, je ne pensais rien sauf ce désespoir qui emplissait tout mon être, et alors la perspective que Joel me laisse seule me frappa comme une énorme vague, mon désespoir pris une ampleur qui me terrifia et je m'accrochai plus fort à cet homme qui me portait, comme si c'était le dernier morceau de bois dans la rivière qui m'empêcherait de me noyer.

« Ne me laisse pas... »

C'était un gémissement plaintif, et si à ce moment là il m'avait laissé je me serais probablement donné la mort, de quelque façon que ce soit, mais si le fait était que je savais que si je me retrouvais seule, je ne m'en sortirais pas.

Il me serra, et je m'accrochai toujours désespérément à lui. Ses bras autour de moi me donnaient un certain sentiment de sécurité, mais en même temps me rappelaient tellement de souvenirs douloureux, alors je ne pouvais que pleurer plus fort encore, étant secouée de sanglots convulsifs, m'épuisant de plus en plus à coup de larmes.

Puis il me le dit, il me dit qu'il ne m'abandonnerait pas, il devait bien être le premier à me dire ça. Personne ne m'avais jamais dis qu'il ne m'abandonnerait pas, personne ne m'avais jamais promis de rester avec moi quand j'en avais eu le plus besoin. Je serrai son cou, enfonçant mes doigts dans sa peau, j'avais besoin qu'il me tienne, j'avais besoin de rester accrochée et de ne jamais le lâcher.

Si jamais je venais à le lâcher, je mourrais. C'était ma seule réalité à ce moment là. Rien d'autre n'avait d'importance. Je n'étais pas une personne, je n'étais pas un corps, j'étais seulement des bras et des doigts qui se tenaient du plus fort qu'ils le pouvaient. L'univers ne tenait qu'à un fil, et ce fil n'était retenu que par notre étreinte.

Rien d'autre n'avait d'importance. Rien d'autre.